Dans le métro je lève la tête sur l'écran affichant la ligne. Trois arrêts avant la station où je dois descendre, cinq avant la sienne. Je ne descends pas à cette station. Je ne descendrai plus à cette station. Je me souviens de la première fois où je m'y suis arrêtée. Attendu une demi-heure. Le trottoir d'en face sur un banc, je regardais devant et je ne regardais plus ma montre. Je l'attendais à côté de la station que je revois sur cette ligne. Je compte les arrêts jusqu'à sa station comme je comptais le temps qu'il arrive en ce début de soirée, reproduire cette attente ressentir sa présence. Marquée par l'attente et par cette station. Sa station et la mienne loin dans la ville sont alignées sur l’écran. Je compte chaque arrêt qui me sépare d’elle. Chaque arrêt qui sonne faux. Je suis sur sa ligne et je n'y descendrai pas. Je relis le nom de cette station et je repense au sien. Celui que je prononce la première fois sur ce banc et les autres nuits sur son lit. Il résonne encore sur cette ligne que j’empruntais pour lui. Un trajet que je ne prévois plus, que je regoûte sur cette portion de métro. Chaque arrêt me murmure son nom et ma station arrive trop tôt.