Hā, Mīm, Rā,
1
J’ai cru chercher Dieu, dans la lassitude d’un rythme assiégé, aux entrailles. L’euphorie devenue routine, et le perpétuel va et vient - ravi en tout et pour tout - a laissé le goût amer de Son Absence, l’incomplétude livrée à moi, à chaque fois.
2
J’ai cru Dieu, comme abstraction universelle, et il n’y aura que les couvertures froides, le sel, un rendez-vous, des conserves vides et lavées, l’heure lue sur l’écran, le thé brûlant la langue, des sacs tombés au sol, pour en tenir compte.
3
Si dans la course larvée de Dieu, j’en ai laissé filer, j’ai cru, à un instant, qu’un clavier servirait en support, pour le front en sueur d’une âme malade, celle pour laquelle je cultive le plus grand mépris, et la plus grande envie, d’être encore en attente.
4
Dieu l’invertébré, j’ai saisi dans celui-l’autre l’ossature.
5
Dieu aimant, il n’y a que le goût de cette haleine. Et c’est avec cette paille, tournée trop langoureusement dans ce verre, et cette mousse, fraise lattée, qu’il a, au moins sans jamais trahir, me donner la foi sans plaintes.
6
Que rien ne soit dit.
7
Dieu déserté, il n’y avait plus que ce geste, ces petits cercles continus, les claquements discrets de l’inox et du verre, pour reprendre le fil hyménée, d’une collecte en astreinte.
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Il y avait quelque chose avec R que je n’attendais ni ne soupçonnais encore au début. Je ne sais pas quand cette chose est apparue à moi sous la forme dans laquelle je la perçois nettement désormais. Tout ce qui compte est de l’avoir vécue au moment où j’y étais et de pouvoir la saisir maintenant que je n’y suis plus. Cette chose le dépasse lui-même sans se réduire à une partie de sa personne, à une dimension de notre relation, à un angle sous lequel je l’aurais vu ou préféré le voir. Elle le totalisait et l'enveloppait. Simplement posée sur lui et dans l’amplitude de tous ses gestes, le silence de sa chair et de ses mots.
Que je trouve les miens qui ne seront peut-être jamais suffisants ou assez bons pour la décrire, en extraire tous les sens que je sais avoir ressentis en elle face à lui. Il faudrait que j’aborde cette chose.
R n’y a peut-être jamais pensé, peut-être jamais senti. Je ne lui en ai jamais fait part et j’ignore sans réussir à imaginer la réaction qu’il aurait eu devant une déclaration d’un genre qui m’était encore inconnu et qui devait probablement lui être inédite. Je ne sais pas si j’aurais souhaité qu’il la sente avec moi. Cette chose venait à moi sans aucune nécessité, sans sa participation. Je n’avais pas besoin de la partager, elle ne laissait place à autre qu’elle-même, elle me prenait. J’étais sans autre envie que sa sensation. Suffisait à tout. R était le porteur d’une chose dont il ne saura jamais la réalité qu’elle a constitué pour moi. Je me force à la définir, pour la faire perdurer quelque part et y retrouver la seule chose que j’ai gardé de lui, et la seule chose qu’il m’a permis de garder était contenue en elle.
Restituer une conscience diluée, aveu de faiblesse qui se résout à la réalité du temps.
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Tant que cela n’aurait pas été écrit, rien n’aura de sens. Et il y a eu trop d’éparpillement. Trop d’objets qui n’auront que le souvenir flou en moi. Je l’ignore, je ne sais pas quand : en balayant sous mon lit, j’ai trouvé ce préservatif usé (et vide), et quelle a été l’idée derrière.
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Trop de dessertes, et trop de quais, trop de stations. Et dans le Trancetto, j’ai espéré la voie. J’ai pensé à l’explicite et au laisser-muet. J’ai dit que. J’ai attendu, et l’incohésion. J’ai attendu.
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Comment s’y adresser ? Comment retracer les lignes manquantes ? Et justement en elles. Fixée en cette mélodie entêtante, la verticalité nécessaire. Lui seul et tout en lui, rien pour lui, rien à lui, tout en ce qu’il reste, lui pour tout, lui en tout.
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Puisqu’il faut revenir à cette paille en inox, sa paille dans son verre, la façon avec laquelle il la tournait, et son sourire, qui n’est jamais parti, que je n’aurais pu laisser partir. Toujours conserver la beauté du geste. Lent. Qu’on n’ose encore disserter sur les yeux. Je ne jurerai que par le flottement le plus subtil et intransigeant, qui n’aurait jamais su me dérober, qui aurait pu, dans un aller distrait dont je ne me serais jamais remise.
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Fixées sont les intentions, prière de ne jamais trop en dire.
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Principes : il n’y aura pas d’histoire, pas de narration, pas de dates, pas d’introduction à la rencontre.
R, celui-l’autre, l’ossature.
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Il était venu avec du retard, j’avais attendu une demi-heure sur ce banc, il faisait beau, peu avant le coucher du soleil (pas de narration, mais le cadre, il le faut, il me faut ces couleurs, il me faut son arrivée). Il était venu, présenté à moi en des termes courts, j’ai déjà dit son sourire (il était là). R était là et il n’est jamais reparti. Il avait les cheveux bruns comme ses yeux. Il portait : une chemise blanche fermée et quelques boutons dégageant le haut du torse (évidemment), un short rose, des mocassins beiges, des lunettes noires (noir mat).
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Et même si, par-dessus tout, son être guette le monde sans en être, il les porte toujours maintenant, je le renvoie donc à cette corporalité comme pour m’assurer encore qu’il en était, qu’il n’est qu’un homme, qu’un homme arrivant en retard, impoli, une demi-heure, une vague excuse, qu'un homme nonchalant et calme.
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Juste une mise au point : c’est une chanson des années 80 qui m’a eue ce soir-là, il a fallu d’un Airpod que j’ai observé - avec tout juste assez d’alcool dans le sang - encore jugé utile de mesurer l’hygiène. Qu’aurais-je eu à faire de son cérumen à ce moment-là. Lequel aurait pu prédire un intérieur douteux. Par chance, j’étais épargnée. Maintenant, c’était juste l’envie pressante de rentrer.
Et quant à la deuxième fois chez lui, quand j’ai vu ma tâche de sang sur son drap blanc, là où j’avais saigné ce premier soir (pensant le cycle menstruel fini), j’étais heureuse. Elle avait longé ma propre réalité organique sur son lit un certain temps, un temps juste assez convenable.
R était juste bordélique, et le reste allait. Il y a comme souvent une négociation entre sur quoi il est acceptable de fermer les yeux, face aux entrailles aux normes que l’on se fixe, et la perspective du prolongement visuelle et tactile de la beauté encore à explorer, encore auréolée de l’espoir d’une durée suffisante pour en faire le tour. C’est un exercice périlleux si l’on tient à une option plus qu’à l’autre. Mais les calculs prosaïques ne peuvent que trop peu face à l’immathémacité des possibles.
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R était debout, quand nous étions ensemble, c’est-à-dire, ensemble physiquement, sur une terrasse, sous un même drap, sur un même canapé, dans une même cuisine, sur un balcon, sur un pont.
Il y avait un pont d’abord, un banc sur un pont. Quand il était face à moi. Et progressivement, le monde devenant lui, dans son absence, dans la fin de sa corporalité, j’ai saisi les sens et la hauteur, la vérité révélée, et elle-même laissée pour compte, pour un temps.
Me rectifiant, Dieu pardonnant aux faibles.
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Il a fallu des spasmes, et la nausée. Il n’a fallu aucune photo, détachée de toute matière, l’abandonnant à cet été et à cette chaleur (la sienne, la seule), le vrai sans invocations, puisque c’était Vrai. Et toute ma raison et ma pratique pour l’accueillir. Il n’a fallu aucun artefact, aucune casquette oubliée sur un meuble (par erreur, un autre aurait dit), aucun caleçon (je lui avais rendu le sien), aucune brosse à dent (il n’en n’a jamais laissée), aucun chargeur (que j’aurais rendu), aucune chemise (que j’aurais aimé, pour sûr, garder, mais ses chemises avaient un prix), aucune recette (que j’aurais notée), aucune crème (que j’aurais ouvert trop de fois sans l’utiliser), aucune plainte. Il n’a fallu que quelques nuits, qu’une conscience fixe, la certitude d’une paille en inox, de ses doigts la tortillant et la claquant au verre.
Il n’a fallu que la certitude de ses doigts ; que la conscience de son parfum, celui perdu entre sa clavicule et ses lèvres, à tout jamais.
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Certains parlent de preuves pour qui sait les voir, et j’ai su. Un jour où ma fatigue - pesée par, sans doute, une mauvaise alimentation, un sommeil léthargique, du tabac en moins - un jour où ma fatigue m’a redirigée vers lui. Dans mon affaiblissement, le recueil lent de R. Si régénérant soit-il, peu m’importe. Il n’y a que la vérité approchée, molle, sans instance de décision, c’est la foi pure.
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Je me rattache toujours à lui. Mon refuge dans le temps, mon audition dans chaque pièce, et quand ça chute. R est passé. Et dans le battement des cils des uns et des autres, quand le cœur s’en emballe, quand je n'ose plus les voir, je sais que la pensée de R, le cou de R, l’odeur de R, les bras de R, l’indifférence de R face à tout - et face à moi en premier lieu - les jambes de R, le visage de R tendu à l’ombre et ses yeux plissés sous un Soleil qui n’a jamais cessé de me divertir en sa présence - de toutes les façons - sa sueur, ses mains et ses coups de reins qui m’avaient gardée éveillée cette nuit-là, l’attente de R, le souffle soutenu de R, le dos de R, tous auraient pu, certainement, me recadrer quelque part, exactement là où je n’aimerais jamais sortir, donc là où je m’efforce dans tous mes essais sur lui, de garder un quelconque appui solide, dans une quelconque mémoire sordide, faite de mélodies et de transpirations.
Ses halètements persistent à filer en moi quelque chose de l’inébranlable, pour sûr, une idole.
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Il y avait ce jour où, rentrant chez lui, je l’avais trouvé en short sur le seuil de sa porte. Je me suis demandée pourquoi il ne portait jamais le peignoir marron avec la poche brodée de ses initiales, celui que j’ai vu la dernière fois dans la salle de bain. Il était en short, il m’a manqué son peignoir.
Ses lunettes noires, j’ai eu la possibilité de voir R les porter presque à chaque fois, tandis que son peignoir brodé, que je n’ai jamais vu ailleurs qu’accroché au mur, au désarroi de mes yeux, m’empêche encore parfois de me laisser aller en rétrospective au défilé opticien qu’il m’a été donné l'occasion d’apprécier avec trop de goût. Ses lunettes de soleil, les unes et les autres, toujours minutieusement posées devant ses yeux d’homme insoucieux et hors-du-monde. Et dans les ajustements manuels qu’il portait à ses lunettes, nul va-et-vient, seul parfait mouvement maîtrisé, déplacement ciblé, précis, exquis de ses doigts par-dessus sa monture.
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Une fois, il m’avait distrait (toucher là où il était juste de le faire) quand je lui ai dit que je voulais le dessiner. Dieu sait si, je m’en souviens. J’étais partie prendre un carnet et ma trousse tandis que mes contractions vaginales n’avaient que faire du dieu numide à ma gauche, de son odeur empestant tout de moi, et c’était tous mes sens qui le sentaient, et partout ses molécules - les plus invaincues que j’eusse rencontrées, Dieu sait si, l’alchimie dans cette pièce n’avait quelconque agencement maléfique - j’aurais voulu, pour trop sûr, le frotter à ce papier. Gratter sa présence sur appui de crayon gris, contact - enfin - avec la matière mienne, j’aurais voulu le prendre. Et, il n’aurait jamais su se laisser en offrande, en débarras à mes incantations internes, fragiles, et égoïstes. Elles l’étaient. Il n’aurait jamais su se laisser incarner dans les frottements infortuns du bois taillé et d’une feuille larges grains.
Peut-être, à lui R, il aurait fallu l'aquarelle, et pour trop sûr, l’absorption. Il lui aurait fallu l’infinité de couleurs, maîtrisée dans une technique qu’aucun faux-ingénieux plasticien du siècle dernier n’aurait pu concevoir, dans les élans les plus fous de la création post-moderne. Il lui aurait fallu, peut-être, la brume, le fusain fumeux, les sels mélangés à l’huile (technique traditionnelle). Je ne sais si une ligne aurait su être bonne, et il n’y a nul inventaire plastique qui ne saurait se prosterner devant la sensualité omnipotente, indéchiffrable, insaisissable de cet homme, debout en short, à la porte de son appartement.
R n’aurait su se laisser au débarras, n’importe lequel, R, debout en short et les cheveux mouillés glissant des perles juste assez ajustées à l’humeur parfumée de sa présence, de son rictus, de ses fossettes. Il est l’imbattu, et moi, devancée par le courant de son Être, absorbée devant cette porte devant lui devant son short et moi, devant son entre-jambe, et moi, pensant à son peignoir, pour tout avoir de lui. Et le crayon qu’il n’a pas voulu que je manie pour une humble reproduction (tentative désespérée relayée d’un étrange blasphème qu’il sera question plus tard de développer), R se refusant, pour simple marque en noir et blanc sur une feuille larges grains. R, contraint à l’espace et au temps dans cet appartement que je ne saurais plus localiser ailleurs qu’en mes poumons abîmés. R, devant moi, sous son short, et sur moi l’envie abyssale d’être débarrassée des contingences physiques.
R avec tout, c’était trop pour ne pas finir dans le transcendant comique. Celui qui atteint. Qui laisse se morfondre dans le cynisme le plus abject, celui admis sans l’honneur d’une feinte de résistance, une feinte de résilience. En somme, un cas.
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Comprendre que R n’était qu’un homme qui n’a pas porté ce peignoir devant moi, R qu’un homme avec un short m’ouvrant la porte. R soumis à ma mémoire et moi indissipée dans ma piété, pratiquée avec bien trop de constance - et elle, pour trop sûr, n’avait nul besoin d’une instruction régulière, elle était persistante et continue, ce n’était ni trois ni cinq, ni mes réveils (bien fréquents) à l’aube, ni tout autre génuflexion ciblée. Ai cherché longuement sur son corps humide un élément à la combustion toute personnelle, toute réservée, toute retenue, que j’entretenais.
Mon sacrifice païen, mon propre sacrifice, l’abnégation, j’ai dissous mon égo dans ses sens et j’ai voulu - tout au moins, et l’effort de mes écrits en est témoin - connaître sans intérêt aucun, quelque chose de l’incovenu. Si l’éthéré peut encore être décrit, à ce stade. Et R, n’aurait su se laisser sur feuille de papier larges grains, en deux dimensions concurrentes. R n’était que l’harmonie, et entre ses boîtes, ses sacs, ses gadgets éparpillés sur son canapé, sa table, ses meubles poussiéreux, il n’y avait que son aura paisible, veillant sans aucun effort sur ce petit chaos, telle figure panthéonique sur son domaine de souveraineté. Et moi, administrée à la tâche.
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L’incovenu.
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Ce qu’il y avait avec R, c’était très vite l’association, dépendant du point de vue du locuteur. Sur plusieurs possibilités, l’entente est cordiale, signifiant : assimiler une entité à Dieu, dans sa puissance, dans sa force, non même pas réduire Dieu lui-même dans ses qualités et ses attributs, simplement ajouter une figure exogène à toute possibilité raisonnable de concevoir le divin. R, très tôt, s’y associa avec encore trop d’aise pour que ne puisse le transcrire convenablement, les limites de mon vocabulaire m’inspectant dans mes ardeurs, je prie la satisfaction dans l’humilité abdiquante. Me reporter à ce qui est tout juste praticable, tout juste seulement.
Et à force d’ajustements sur ses montures noires, argentées, dorées, R, à Dieu, n’a que su s’y substituer. Dieu devenu l’ombre de ses montures, et même les empreintes brunes des feuilles d’arbres - vertes et émeraudes, brillant au chaud, grisant par effet chromatique les murs l’été, trop douces fins d’après-midi - même-elles, paraissaient encore plus légitimes et distinguées. Dieu incarné ou Dieu parti, R et son peignoir brodé n’ont laissé que minime place à principe antérieur. R, c’était le monde commençant à partir de lui. Et la vérité - actée, acceptée, accidentée trop bien gaiement à mes aspirations mystiques déjà bien datées, R aux parfaits traits d’union - s’est imposée à moi comme si je l’avais choisie. C’est la foi sans épreuve, ni éprouvée, c’est celle suffie et évidente. Dieu failli, Dieu mes doutes et mes maux de tête, et R, pour sûr, le repos et la foi.
La foi in-dépendante, in-assimilée à tout élément tangible, toute construction sémantique rapportée à tel ou tel concept (trop sophistiqué pour m’être compris), la foi ramenée à sa finalité, instinctivement, déjà.
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J’ai peut-être épuisé tout ce qu’il y avait à dire. Ce n’était ni une romance ni dieu, c’était vraiment R. C’était juste lui. Son image diffuse en tout, c’était la poésie humaine, le spectacle du monde ramené à la pure compression du temps. Par elle le quotidien, la platitude urbaine, l’ennui, tout autour recouvert de truisme, ramenés en un agrégat de molécules dispersées, tas de parcelles chromatiques et texturées formant l’ensemble cohérent de son image. Assez clairement, c’était la contemplation permanente à toute occasion.
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R pour toute la place. Et lentement j’étais rappelée à l’ordre, en sursaut de conscience. La fitrah rompant avec le flux. La banalité est le meilleur outil de la précision divine. Puisque c’est l’attention systématique. Puisqu’il suffisait d’un clair coup de rein particulièrement chaud entre mai et juillet pour voir R dans les boîtes de conserve posées en chaîne à ma fenêtre, ou dans le linge sale, dans le coucher du soleil, sur le gravier quand je fixais le sol, dans les trains arrivés en retard, dans les quais bondés, et vides, devant les distributeurs de jus d’orange, et dans ce jus encore, j’aurais préféré la douceur du sien.
C’est une longue évocation. Du dhikr au sens propre. Si l’on poussait là, je pourrais dire que chaque fragment de texte peut se lire comme la perle d’un chapelet. Dans le fond, c’est l’étude d’un cas, d’une dévotion projetée dans ce qui semble le plus charnel et primitif ; affirmer littéralement que n’importe quel fluide peut se saisir, à un moment, comme la preuve de l’eau bénite. C’est à peine imagé. La dissolution de l’égo dans l’entrée en l’Autre. Dieu se manifestant en chacun et en chaque chose, Ses Attributs se lisent pour qui s’engage en Lui. Le quotidien rendu à jusqu'où Il peut Être.
Dans cette romance mise en scène, dans l’observation méticuleuse de R dont je parle, je retranscris un espace mental où l’imagination d’une foi absolue peut s’épanouir. Aimer dans tout, l’Aimé pivot mental et récepteur de toute cette gratitude. Plus encore : dans l’asymétrie fondamentale. Dieu étant clui-désiré, c’est alors moins le récit avec R qu’une longue lamentation. Celle proche de la frustration humide du réveil, après un rêve haletant, et à droite et à gauche rien qui n’aurait eu le même effet, la peine lourde en tournant la tête, au substitut ou au manquant.
La profusion continuelle de l’Un totalisant chaque extension de l’existant sans cesse perpétué dans l’abandon en Lui. Rassemblé en Sa Miséricorde. Rêvé.
Le réel compris est celui que l’on configure soi-même dans la recomposition du temps, des souvenirs et des sens. La lucidité qui permet cet assemblage se tient sans se remettre aux faits faillibles ou à l’effort de rationalité. La mémoire étant partielle, il n’y a que la volonté pour maîtriser le vécu. Juin est devenu un fétiche que j’ai présenté en quelques aperçus dans différents textes, eux-mêmes abordant différentes trames et traitant différents affects. La part de fantasme ou le fantasme agrégeant chaque partie saisie. En prenant Juin pour tout, j’ai choisi la deuxième option, l’entier Juin et l’absolution en Lui. De quelque aliénation qu’il soit, celle qu’il reste pour s’enchanter.