Depuis des jours et des semaines et des jours je répète cette chanson. Tâcher de reposer ma voix comme il le faisait, reproduire ses intonations, il les avait saccadées, il les avait comme ça, pas tout à fait, je rejoue cette chanson et je repasse le refrain, comme ça qu’il faisait, j’articule comme lui. Je réarticule comme lui ce vers, et l’autre, je l’ai en tête, sa voix surtout, je repasse cette chanson uniquement pour réecouter sa voix, réécouter sa voix sur ce refrain, je refais ses intonations, j’interprète comme lui ce refrain, je rejoue cette chanson, comme il faisait, pas tout à fait, je repasse le refrain, il le chantait saccadé, je repasse le refrain, comme ça qu’il faisait, vient le couplet. Il était enjoué sur ce couplet, il le connaissait par cœur. Je le refais mais ce couplet est défait je le rejoue et en boucle, cette chanson me nuit et même sans mélodie je la repasserai demain comme hier comme aujourd’hui sans mélodie et en boucle l’ombre de sa voix en tracera les formes, les couleurs où tout est gris et avili, éclipsée dans ces vers le retour perdu d’un tempo qui ne le porte ni m’y conduit.

Ses manches retroussées, les manches retroussées de cette soirée de juin.

Seulement les manches retroussées de cette soirée-là, le moment où il est sorti, le moment où il a retroussé ses manches, le moment où il a fini de boutonner sa chemise.